Ce 20 mai 2015 nos ados
ont eu la chance de rencontrer en chair et en os Yves Grevet, l'auteur de la
trilogie best-seller Méto.
La rencontre s'est
déroulée dans une atmosphère conviviale. Humble, accessible et aussi fascinant
que ses livres, Yves Grevet s'est fait un plaisir de répondre à toutes nos
questions.
Yves Grevet est un
écrivain ayant passé son enfance et son adolescence à Vitry-sur-Seine et
Ivry-sur-Seine, communes du Val de Marne situées dans la « banlieue
rouge ». En parallèle, il exerce aussi le métier d’enseignant.
Les lecteurs étaient
ainsi curieux de connaître les éléments de sa vie qui ont influencé son
écriture et ses œuvres. Les influences de ses romans proviennent de ce qu'il a
vécu lorsqu'il était adolescent nous répond Yves Grevet. Ce dernier avait déjà
un fort ressenti des différences de classes sociales. Pour cause, l'auteur a
connu une jeunesse très politisée et militante, les grèves étaient nombreuses
et ses parents ont été confrontés à la crise. Il aimait d'ailleurs la
Littérature et la poésie engagées.
Pourquoi est-il
principalement auteur de romans jeunesse ? Et bien c'est qu’il a toujours aimé
œuvrer avec des enfants. Jeune adulte, il a travaillé en centre aéré. Ayant
quitté ses parents jeune, cela lui a permis de disposer d'une grande liberté et
ainsi de se consacrer à l'écriture.
Yves Grevet a d'ailleurs
commencé à écrire très tôt. Il faisait partie de ces élèves passionnés par
l'écriture et la BD. Fidèle à son Bac Littéraire, il était friand de
Littérature. Plus tard, il eut des idées de projets très différents et fit
beaucoup de théâtre.
Contrairement à des
idées reçues, ses élèves ne sont pas sa source d'inspiration. Aujourd'hui, avec
Internet, ses élèves savent qu'il est écrivain, ce qui était moins vrai pour
ses plus anciens élèves qui peinaient à le croire. Il ne parle d'ailleurs pas
de ses livres en classe. Avec ses élèves son métier de plume a plus une valeur
anecdotique.
Yves Grevet nous avoue
qu'il découvre souvent ses sources d'inspirations lorsque des proches lui font
remarquer que tel ou tel élément leur rappellent un évènement de sa vie ou de
leur vie. Nous comprenons ainsi que ce sont des inspirations inconscientes.
Ses débuts en tant
qu'écrivain n'ont pas été des plus faciles. Son premier refus avait été très
décourageant, certain éditeurs n'ont même pas pris la peine de lui répondre.
« Lorsque nous écrivons, nous mettons beaucoup de nous-même dans notre
manuscrit et un refus, c'est comme un rejet de soi-même. On se dit : ce que
j'écris n'est pas intéressant, ça veut dire que moi-même je ne suis pas
quelqu'un d'intéressant», déclare-t-il. Après cela l'auteur a marqué une pause
de plusieurs années pendant laquelle il a fondé une famille, avant de tenter à
nouveau sa chance. Là encore, c'était rude : Yves Grevet a monté dix projets et
a reçu des refus pendant quatre ou cinq ans. Cependant, il n'a pas baissé les
bras. Puis, le miracle tant attendu s'est produit. Une éditrice a littéralement
adoré l'un de ses manuscrits, il s'agissait d'une histoire destinée aux tous
petits, Mon premier rôle. Premier rôle, premier roman : ce fut le
début d'une brillante carrière. Il publia deux livres chez cette éditrice avant
de commencer un nouveau contrat chez Syros, sa maison d'édition actuelle, dont
son premier roman fut C'était mon oncle ! Vint ensuite Méto pour
lequel Syros qui n'avait pas de collection « aventures » auparavant
décida d'en créer une. Peu banal comme début.
A propos de Méto
: sa série culte a bien sûr beaucoup animé la rencontre et suscité de
nombreuses interrogations. Mais comment la Maison est-elle née ? Cela se
passa un matin de vacances à Toulouse, Yves Grevet bouquinait et eut envie de
commencer à écrire quelque chose alors il décrivit un dortoir la nuit et enfant
devenu trop grand que l'on emmène. Trois lignes sur une feuille blanche. Le
lendemain il composa la première scène du roman. Cette année là il écrivit un
autre livre. Trois ans passèrent, c'est là qu'il créa la Maison. Elle devait
être un orphelinat avec des règles, tout serait sous contrôle avec une pression
constante. Yves Grevet voulait
reproduire une dictature mais que l’époque soit atemporelle. Le narrateur n'avait pas de nom au départ.
Yves Grevet était d'ailleurs comme Méto nous confie-t-il, il ne savait pas
pourquoi il était là. Méto s'est construit au fur et à mesure pendant
tout le tome 1. Concernant les noms, Yves Grevet voulait qu'ils soient romains
mais également que, tout comme les tenues vestimentaires imposées aux enfants
de la Maison, ils soient uniformes. C'est pourquoi il choisit des noms
romains finissant tous par « us », César pour les surveillants (César
était une figure d'autorité à l'époque romaine) et Jove pour le créateur de la
Maison (Jove signifiant Jupiter, le Dieu de la foudre, soulignant ainsi la
toute puissance du personnage). Méto quant à lui, était le nom d'un personnage
d'un roman qu'Yves Grevet avait lu et qui se passait à Rome. Du reste, il aime
jouer avec les noms de ses personnages : dans sa série Nox, les
prénoms sont incomplets, on enlève des lettres au groupe de personnes pauvres
pour accentuer la différence de classe sociale. Enfin, l’auteur aime beaucoup
les énigmes, l'espionnage et le suspens, ce sont les éléments qu'il a voulu
réunir dans son œuvre. Méto est l'unique narrateur, toutes les questions et les
réponses dépendent de lui, cela intensifie le mystère et la curiosité du
lecteur. « Il y a un rythme, un mouvement quand on écrit, celui de Méto
c'est l'urgence » nous dit-il.
Il y a eu de nombreux
projets d'adaptation en films et en série de la trilogie Méto, cependant
aucun n'a abouti. Aujourd'hui un réalisateur allemand serait en train de
travailler sur le projet. En effet, la série a beaucoup de succès en Allemagne
par contre, elle n’a pas encore de traduction anglophone.
La fin de Méto
est une aventure de trois ans qui s'achève, durant laquelle l'auteur s'est lié
à son personnage, « J'y ai laissée comme une partie de moi-même ».
Yves Grevet y a abordé ces rapports
d'amitiés qui lui sont chers, inspirés de sa propre vie, l'expérience de la
vie, de la séparation et de la souffrance causée par cette dernière. Toutefois
le message de Méto n'est pas si noir, au contraire, c'est un message
d'espoir : l'idée que ensemble, on peut changer le monde.
Nous remercions
chaleureusement Yves Grevet pour sa présence parmi nous et avons réellement
apprécié ce moment. Grâce à lui il y a une chose que nous ne devons pas
oublier, surtout les futurs écrivains, c'est qu'il ne faut pas se décourager et
toujours persévérer afin de poursuivre ses rêves et les réaliser.
Emilie Sharma, stagiaire à la Médiathèque de Bagnolet
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