mercredi 3 juin 2015

Rencontre avec Yves Grevet



Ce 20 mai 2015 nos ados ont eu la chance de rencontrer en chair et en os Yves Grevet, l'auteur de la trilogie best-seller Méto.
La rencontre s'est déroulée dans une atmosphère conviviale. Humble, accessible et aussi fascinant que ses livres, Yves Grevet s'est fait un plaisir de répondre à toutes nos questions.

Yves Grevet est un écrivain ayant passé son enfance et son adolescence à Vitry-sur-Seine et Ivry-sur-Seine, communes du Val de Marne situées dans la « banlieue rouge ». En parallèle, il exerce aussi le métier d’enseignant.
Les lecteurs étaient ainsi curieux de connaître les éléments de sa vie qui ont influencé son écriture et ses œuvres. Les influences de ses romans proviennent de ce qu'il a vécu lorsqu'il était adolescent nous répond Yves Grevet. Ce dernier avait déjà un fort ressenti des différences de classes sociales. Pour cause, l'auteur a connu une jeunesse très politisée et militante, les grèves étaient nombreuses et ses parents ont été confrontés à la crise. Il aimait d'ailleurs la Littérature et la poésie engagées.

Pourquoi est-il principalement auteur de romans jeunesse ? Et bien c'est qu’il a toujours aimé œuvrer avec des enfants. Jeune adulte, il a travaillé en centre aéré. Ayant quitté ses parents jeune, cela lui a permis de disposer d'une grande liberté et ainsi de se consacrer à l'écriture. 

Yves Grevet a d'ailleurs commencé à écrire très tôt. Il faisait partie de ces élèves passionnés par l'écriture et la BD. Fidèle à son Bac Littéraire, il était friand de Littérature. Plus tard, il eut des idées de projets très différents et fit beaucoup de théâtre.

Contrairement à des idées reçues, ses élèves ne sont pas sa source d'inspiration. Aujourd'hui, avec Internet, ses élèves savent qu'il est écrivain, ce qui était moins vrai pour ses plus anciens élèves qui peinaient à le croire. Il ne parle d'ailleurs pas de ses livres en classe. Avec ses élèves son métier de plume a plus une valeur anecdotique.
Yves Grevet nous avoue qu'il découvre souvent ses sources d'inspirations lorsque des proches lui font remarquer que tel ou tel élément leur rappellent un évènement de sa vie ou de leur vie. Nous comprenons ainsi que ce sont des inspirations inconscientes.

Ses débuts en tant qu'écrivain n'ont pas été des plus faciles. Son premier refus avait été très décourageant, certain éditeurs n'ont même pas pris la peine de lui répondre. « Lorsque nous écrivons, nous mettons beaucoup de nous-même dans notre manuscrit et un refus, c'est comme un rejet de soi-même. On se dit : ce que j'écris n'est pas intéressant, ça veut dire que moi-même je ne suis pas quelqu'un d'intéressant», déclare-t-il. Après cela l'auteur a marqué une pause de plusieurs années pendant laquelle il a fondé une famille, avant de tenter à nouveau sa chance. Là encore, c'était rude : Yves Grevet a monté dix projets et a reçu des refus pendant quatre ou cinq ans. Cependant, il n'a pas baissé les bras. Puis, le miracle tant attendu s'est produit. Une éditrice a littéralement adoré l'un de ses manuscrits, il s'agissait d'une histoire destinée aux tous petits, Mon premier rôle. Premier rôle, premier roman : ce fut le début d'une brillante carrière. Il publia deux livres chez cette éditrice avant de commencer un nouveau contrat chez Syros, sa maison d'édition actuelle, dont son premier roman fut C'était mon oncle ! Vint ensuite Méto pour lequel Syros qui n'avait pas de collection « aventures » auparavant décida d'en créer une. Peu banal comme début.




A propos de Méto : sa série culte a bien sûr beaucoup animé la rencontre et suscité de nombreuses interrogations. Mais comment la Maison est-elle née ? Cela se passa un matin de vacances à Toulouse, Yves Grevet bouquinait et eut envie de commencer à écrire quelque chose alors il décrivit un dortoir la nuit et enfant devenu trop grand que l'on emmène. Trois lignes sur une feuille blanche. Le lendemain il composa la première scène du roman. Cette année là il écrivit un autre livre. Trois ans passèrent, c'est là qu'il créa la Maison. Elle devait être un orphelinat avec des règles, tout serait sous contrôle avec une pression constante. Yves Grevet voulait  reproduire une dictature mais que l’époque soit atemporelle.  Le narrateur n'avait pas de nom au départ. Yves Grevet était d'ailleurs comme Méto nous confie-t-il, il ne savait pas pourquoi il était là. Méto s'est construit au fur et à mesure pendant tout le tome 1. Concernant les noms, Yves Grevet voulait qu'ils soient romains mais également que, tout comme les tenues vestimentaires imposées aux enfants de la Maison, ils soient uniformes. C'est pourquoi il choisit des noms romains finissant tous par « us », César pour les surveillants (César était une figure d'autorité à l'époque romaine) et Jove pour le créateur de la Maison (Jove signifiant Jupiter, le Dieu de la foudre, soulignant ainsi la toute puissance du personnage). Méto quant à lui, était le nom d'un personnage d'un roman qu'Yves Grevet avait lu et qui se passait à Rome. Du reste, il aime jouer avec les noms de ses personnages : dans sa série Nox, les prénoms sont incomplets, on enlève des lettres au groupe de personnes pauvres pour accentuer la différence de classe sociale. Enfin, l’auteur aime beaucoup les énigmes, l'espionnage et le suspens, ce sont les éléments qu'il a voulu réunir dans son œuvre. Méto est l'unique narrateur, toutes les questions et les réponses dépendent de lui, cela intensifie le mystère et la curiosité du lecteur. « Il y a un rythme, un mouvement quand on écrit, celui de Méto c'est l'urgence » nous dit-il.

Il y a eu de nombreux projets d'adaptation en films et en série de la trilogie Méto, cependant aucun n'a abouti. Aujourd'hui un réalisateur allemand serait en train de travailler sur le projet. En effet, la série a beaucoup de succès en Allemagne par contre, elle n’a pas encore de traduction anglophone.
La fin de Méto est une aventure de trois ans qui s'achève, durant laquelle l'auteur s'est lié à son personnage, « J'y ai laissée comme une partie de moi-même ». Yves Grevet  y a abordé ces rapports d'amitiés qui lui sont chers, inspirés de sa propre vie, l'expérience de la vie, de la séparation et de la souffrance causée par cette dernière. Toutefois le message de Méto n'est pas si noir, au contraire, c'est un message d'espoir : l'idée que ensemble, on peut changer le monde.


Nous remercions chaleureusement Yves Grevet pour sa présence parmi nous et avons réellement apprécié ce moment. Grâce à lui il y a une chose que nous ne devons pas oublier, surtout les futurs écrivains, c'est qu'il ne faut pas se décourager et toujours persévérer afin de poursuivre ses rêves et les réaliser.



Emilie Sharma, stagiaire à la Médiathèque de Bagnolet




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